Team building post‑rentrée : et si on arrêtait les ateliers bullshit ?
Chaque septembre, c'est la même comédie : on repeint la rentrée d'entreprise avec un team building de circonstance, on parle de « cohésion », de « collectif », et on enferme tout le monde dans une salle d'hôtel avec un PowerPoint et un escape game. Entre Marseille, Toulon et le littoral varois, ce n'est pas l'offre qui manque, c'est l'ambition.
Pourquoi les formats classiques ne fonctionnent plus
On sent une lassitude presque physique chez les salariés. Ils arrivent aux « journées de cohésion » comme on va chez le dentiste : parce qu'il faut bien. Et franchement, ils n'ont pas complètement tort.
Les ateliers hors sol : beaucoup de bruit, peu d'effet
Vous les connaissez par cœur :
- atelier LEGO « reconstruisons l'entreprise »
- escape game dans un sous‑sol aveugle
- jeu de rôle sur la « gestion des émotions » avec des post‑it multicolores
Sur le moment, ça sourit, ça joue le jeu, parfois. Mais deux semaines plus tard, il ne reste presque rien. Aucune trace dans les relations quotidiennes, aucun impact sur la façon de travailler. Juste la conviction un peu amère d'avoir perdu une journée potentiellement précieuse près de la mer ou des vignobles de Provence.
Le problème n'est pas la bonne volonté des RH ou des managers. C'est le décalage entre la violence du réel (charge mentale, incertitudes économiques, télétravail fragmenté) et la naïveté des dispositifs proposés.
La génération post‑Covid ne veut plus jouer à faire semblant
Les études récentes sur l'engagement au travail, comme celles de Gallup, convergent toutes : ce qui compte, ce n'est plus le baby‑foot ni les événements‑bonbons, mais le sentiment de sens et de considération réelle. Un team building qui ne parle pas de cela finit en caricature.
Et quand on impose, en prime, une activité infantilisante, loin de créer du lien, on creuse le fossé entre le discours corporate et la réalité des équipes. C'est ce que beaucoup de dirigeants sentent confusément sans toujours savoir par quoi remplacer le modèle.
Revenir au réel : un territoire, des corps, des émotions
La bonne nouvelle, c'est que vous n'êtes pas obligé d'inventer un concept fumeux pour sortir de cette impasse. Le littoral provençal, entre Marseille et Toulon, fournit un décor et une matière brute que bien des agences parisiennes nous envient.
Le terrain de jeu : entre mer, vignes et villages perchés
Lorsque vous embarquez vos équipes en voiture ancienne cabriolet, sur les petites routes de Cassis, La Ciotat, Saint‑Cyr‑sur‑Mer, Bandol ou Sanary, il se passe immédiatement quelque chose de simple et de rare : les corps se remettent en mouvement, les conversations se déverrouillent, les silences deviennent supportables.
Un itinéraire qui mêle :
- montées vers les villages du Castellet ou de La Cadière
- points de vue sur le cap Canaille et la route des Crêtes
- haltes dans des domaines viticoles de Bandol ou de Cassis
crée un climat où l'on peut enfin parler d'autre chose que de la « roadmap Q4 ». Ce n'est pas magique, c'est physiologique.
Un cas très concret : le comité de direction figé
Je pense à ce comité de direction d'une PME d'Aubagne, venu pour un format que nous avions volontairement dépouillé. Pas de coach, pas de slides, très peu de discours. Juste une journée en cabriolets seventies, un wine tour personnalisé et quelques questions simples posées au bon moment.
Au départ de Saint‑Cyr‑sur‑Mer, les visages étaient fermés, le ton crispé. Après une heure de route entre mer et garrigue, chacun au volant d'une 2CV, d'une Fiat 500 ou d'une MG, les premiers aveux sont sortis : burn‑out frôlés, lassitude des visios, sentiment de ne plus rien construire ensemble. Ce n'est pas la voiture qui fait parler, mais le fait de s'extraire réellement du décor habituel.
Ce qu'un team building devrait vraiment travailler
On confond trop souvent team building et divertissement corporate. Or, si l'on doit mobiliser une journée entière, autant aller chercher les sujets qui piquent un peu.
Réparer la confiance plutôt que « renforcer la cohésion »
On nous parle de cohésion comme si elle se décrétait à coups de jeux. En réalité, le sujet central des équipes aujourd'hui, c'est la confiance. Confiance dans la direction, dans la stratégie, mais aussi et surtout confiance dans le fait que la parole n'est pas une mise en danger.
Un bon team building post‑rentrée devrait :
- offrir des espaces de discussion à taille humaine (4 à 6 personnes), pas des plénières interminables
- permettre la confrontation, pas seulement la politesse
- reconnaître explicitement la fatigue et les tensions accumulées
- laisser une trace décisionnelle, même modeste, pour éviter l'effet « défouloir sans lendemain »
Ce travail se marie étonnamment bien avec une journée en cabriolets vintage : les temps de route créent des bulles de discussion, les haltes dans les domaines viticoles offrent des respirations plus denses, presque cérémonielles.
Explorer le rapport au temps autrement
Rouler en voiture de collection, c'est accepter une autre cadence. On ne « trace » pas entre Marseille et Toulon comme sur l'A50, on serpente. On arrive un peu plus tard, mais on arrive différemment. Pour des équipes qui vivent en flux tendu, ce ralentissement choisi est un message fort : on peut travailler autrement sans devenir paresseux.
Certains de nos clients l'utilisent comme métaphore assumée : « Arrêtons de piloter l'entreprise comme une GT sur circuit, apprenons à la conduire comme une Coccinelle sur les routes de Bandol ». C'est caricatural, mais l'image parle.
Construire un format post‑rentrée qui ne sonne pas faux
Concrètement, à quoi ressemble un séminaire d'entreprise ou une convention de rentrée qui évite les pièges habituels ? Il ne s'agit pas de plaquer un modèle, mais quelques repères s'imposent.
Deux temps forts, pas douze activités
La tentation, quand on loue des cabriolets, c'est d'en faire des tonnes : rallye, énigmes, défis en cascade. En réalité, deux temps forts bien pensés suffisent largement :
- Un temps de route - par petits groupes, voitures mélangées, avec une consigne de discussion simple : « Qu'est‑ce qui a vraiment changé pour vous dans le travail ces deux dernières années ? »
- Un temps d'ancrage - dans un domaine viticole ou un lieu calme, où l'on met à plat ce qui est remonté et où l'on décide, ensemble, de deux ou trois engagements concrets pour l'année.
Tout le reste - dégustation, paysages, anecdotes sur les années 1970, plaisir de conduire - vient irriguer ces moments, donner envie d'y être pleinement présent.
Intégrer l'actualité sans sombrer dans le débat anxiogène
Il serait presque malhonnête d'organiser aujourd'hui un séminaire en Provence sans mentionner le contexte : sécheresses répétées, pression sur les ressources, inflation qui ronge les marges. Mais on peut en parler intelligemment, en s'appuyant sur des acteurs locaux.
Certains vignerons de Bandol ou de Cassis expliquent, par exemple, comment ils adaptent leurs pratiques viticoles au changement climatique ; des intervenants spécialisés peuvent illustrer ce que cela implique pour la filière touristique. Un team building devient alors une parenthèse lucide, pas un déni collectif.
Des ressources comme Provence Tourisme documentent d'ailleurs ces évolutions et les démarches durables engagées dans la région. S'y connecter, même brièvement, donne de l'épaisseur à votre événement.
Sortir du fantasme du « tout sur place »
Un autre angle mort des séminaires classiques, c'est la conviction qu'il faut absolument « rentabiliser » le lieu d'hébergement : si vous avez payé pour un resort à La Ciotat, tout doit se passer à l'intérieur. Absurde, surtout quand on a des paysages comme le littoral varois à portée de main.
Assumer le dehors comme scène principale
Lorsque l'on construit un team building autour d'une escapade en cabriolet, le lieu devient simplement un point de départ et d'arrivée. Le vrai décor, ce sont les routes, les points de vue, les domaines, les villages. C'est là que les équipes se voient autrement.
Une demi‑journée en extérieur, bien accompagnée, suffit parfois à justifier tout le séminaire. Le reste peut redevenir plus conventionnel (ateliers en salle, plénières), mais la dynamique aura changé, presque silencieusement.
Ne pas sous‑traiter le sens à 100 %
Travailler avec un prestataire, qu'il s'agisse d'une agence événementielle ou d'un acteur spécialisé comme RetroCab, est évidemment pertinent. Mais déléguer entièrement le « pourquoi » de l'événement est une erreur.
Les équipes attendent que la direction prenne la parole, assume, incarne. Un dirigeant qui ouvre la journée en expliquant pourquoi on a choisi un team building en cabriolet vintage plutôt qu'un atelier de communication non violente en salle envoie un message précis : « Je crois davantage aux expériences vraies qu'aux dispositifs artificiels ».
Vers des team buildings moins parfaits, mais plus honnêtes
La vérité, c'est qu'aucun séminaire ne résoudra à lui seul tous les problèmes d'une organisation. Mais certains formats peuvent cesser d'être une caricature pour devenir des jalons crédibles d'une histoire collective.
Accepter l'imperfection, viser la justesse
Une escapade en voitures anciennes sur le littoral provençal ne sera jamais parfaitement lissée : une voiture qui tousse (cela arrive, c'est vivant), un vent un peu plus fort sur la route des Crêtes, un timing qui dérape d'un quart d'heure. Et tant mieux.
Ce que les équipes retiennent, ce n'est pas la fluidité chirurgicale, c'est l'impression d'avoir vécu, pour de vrai, quelque chose ensemble. D'avoir ri, parfois un peu galéré, découvert un village comme Évenos ou un domaine suspendu au‑dessus de la Méditerranée, et parlé autrement.
Alors oui, on peut continuer à organiser des ateliers bullshit, à cocher les cases du plan social de l'entreprise et à se rassurer avec des photos de groupe devant un logo. Ou on peut décider que la prochaine rentrée mérite un autre récit : moins lisse, plus incarné.
Si vous penchez pour la deuxième option, commencez par le plus simple : regardez ce que proposent déjà les acteurs de terrain, des activités de groupe en Provence aux escapades accompagnées en cabriolet. Puis demandez‑vous honnêtement quel type d'expérience vous seriez fier, personnellement, d'offrir à votre équipe. Le reste, au fond, n'est qu'organisation.